Le droit de grève dans le monde : respect et dérives d’une pratique fondamentale des travailleurs

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Le droit de grève dans le monde : respect et dérives d’une pratique fondamentale des travailleurs

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Le droit de grève dans le monde : respect et dérives d’une pratique fondamentale des travailleurs

L’actualité met en lumière un pilier fondamental du système salarial qui est autorisé depuis 1946 en France : le droit de grève. Il permet aux travailleurs de cesser leur activité en signe de protestation ou de revendications sociales. Comment s’exprime le droit de grève dans le monde ? Est-il librement appliqué ou bien remis en question ? Une chose est sûre, il suscite bel et bien des débats passionnés ! Découvrez notre tour du monde de cette pratique essentielle.

Le droit de grève dans le monde : les pays où il est appliqué

Souvent représenté par une action collective, il exerce une pression sociale sur l’employeur ou sur les autorités publiques afin d’obtenir une amélioration des salaires ou des conditions de travail. Certains pays ont soumis la grève à une réglementation encadrée, notamment sur la question du préavis, du service minimum assuré et de la sécurité lors des manifestations.

L’Europe : bon élève de la représentation des travailleurs

En Europe, le droit de grève, ou débrayage, est reconnu et encadré par la loi, même s’il connaît quelques restrictions selon les pays. Ainsi, la Convention européenne des droits de l’homme et la Charte sociale européenne le reconnaissent comme un droit fondamental du travailleur. Cette dernière stipule plus précisément : 

« Les travailleurs (…) ont le droit de (…) recourir, en cas de conflits d’intérêts, à des actions collectives pour la défense de leurs intérêts, y compris la grève. » Article 28 — Droit de négociation et d’actions collectives.

En Allemagne, le Streikrecht (le droit de grève) doit respecter les règles de la négociation collective et ne peut pas être utilisé pour atteindre des objectifs politiques ou idéologiques. En effet, ce sont les syndicats qui organisent le débrayage et non les travailleurs à titre individuel. Les salariés ont donc le choix de rejoindre un syndicat, et de participer à ses éventuelles actions communes, ou pas.

Au Royaume-Uni, le right to strike est strictement organisé en matière de préavis et de mobilisation. Ce sont les syndicats qui paient les salaires des grévistes durant toute la période de protestation. Si les règles établies ne sont pas respectées, la grève risque d’être considérée comme illégale et les participants peuvent être licenciés.

L’Amérique : une histoire du travail plus récente

Le right to strike est également protégé par la Constitution américaine, mais il existe des différences significatives entre les lois fédérales de chaque État des États-Unis. Il n’est d’ailleurs pas reconnu au niveau fédéral pour les salariés du secteur public tandis que ceux du secteur privé peuvent y recourir selon certaines conditions.

L’Amérique latine est connue pour ses mouvements populaires, souvent liés aux inégalités économiques et politiques dans la région. Les travailleurs ont, en effet, eu recours ces dernières années au derecho a la huelga (droit de grève).

Le Japon : un droit autorisé, mais peu revendiqué

Au Japon, le Dōmeihigyō est légal, mais les salariés l’appliquent rarement. La plupart préfèrent porter un brassard sur leur lieu de travail en signe de solidarité avec le mouvement. 

La loi interdit d’ailleurs aux fonctionnaires de faire la grève sous peine de devoir payer une amende ou de risquer un emprisonnement. La culture du travail est largement intégrée dans ce pays où une majorité de salariés ne prennent pas la totalité de leurs congés annuels. 

⏩ Si la question des droits sociaux vous intéresse, lisez également notre article sur les différentes couvertures sociales dans le monde !

Les pays où le droit de grève est bafoué

La Confédération syndicale internationale

Selon le dernier rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) de 2022, certains pays du monde ont atteint des niveaux inquiétants en termes de violations des prérogatives des travailleurs. Jusqu’à 87 % des nations n’ont pas respecté le droit de grève et se distinguent de la pire manière possible avec : 

  • des violences policières ;
  • des arrestations arbitraires ;
  • l’interdiction ou la dissolution des syndicats ;
  • la violation des conventions collectives.

Voici, toujours selon la CSI, les dix pays dans lesquels les libertés les plus élémentaires des travailleurs ont rétrogradé : 

  • en Asie : la Turquie, le Bangladesh, le Myanmar et les Philippines ; 
  • en Amérique du Sud : le Brésil, la Colombie et le Guatemala ; 
  • en Europe : la Biélorussie ;
  • en Afrique : l’Égypte et l’Eswatini. 

Un état des lieux de la limitation du droit de grève

Dans certaines régions du monde, la grève est absolument interdite, notamment en Corée du Nord, au Qatar et en Arabie saoudite. Pour de nombreux pays, il est considéré comme une réelle menace à la stabilité économique et sociétale. 

En Chine, le Yòu jī est extrêmement réduit, car les syndicats sont contrôlés par le Parti communiste. De plus, les Chinois ne sont pas autorisés à s’organiser à titre individuel. Malgré tout, les grèves y sont de plus en plus fréquentes, surtout dans les usines où les employés revendiquent une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail.

En Inde, ce sont les employés du secteur public qui réclament une meilleure protection sociale et une revalorisation des salaires.

En Europe, tout n’est pas parfait puisque certains remettent en question le principe de débrayage, et ce, malgré les conventions européennes en cours. L’exemple de la Grèce est le plus représentatif, car le parlement y a voté une loi restreignant la mise en place des grèves. Les grévistes doivent désormais avoir le soutien de 50 % des membres des syndicats. 

Le droit de grève est une liberté fondamentale reconnue à travers le monde, mais son exercice est soumis à des restrictions et des réglementations différentes. L’interruption de l’activité peut être un moyen efficace pour les travailleurs de revendiquer et d’obtenir des améliorations dans leurs conditions de travail. Néanmoins, ces actions peuvent aussi avoir un impact économique néfaste sur le pays. Il est donc important de trouver un équilibre entre cette pratique et les intérêts économiques et sociaux. Maintenant, il s’agit clairement d’un pilier essentiel de la démocratie et de la liberté syndicale dans le monde et son application se doit d’être respectée. 

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Sources :
https://www.francetvinfo.fr/economie/greve/greve-des-fonctionnaires/le-droit-de-greve-dans-le-monde_2671044.html
https://www.ituc-csi.org/2022-global-rights-index-fr?lang=en
https://www.globalrightsindex.org/fr/2022